Il existe de nombreux mythes sur le deuil en général et celui des personnes proches aidantes. Ces mythes existent depuis longtemps et proviennent de croyances sociales ou culturelles sur la mort et le décès. Cependant, ces croyances ne sont pas toujours fondées sur des faits et peuvent parfois entraîner des attentes irréalistes concernant le deuil.
Ce blog mettra en lumière certains de ces mythes afin que nous puissions tous être plus conscients et plus sensibles aux expériences des endeuillés. Découvrez certains des mythes les plus répandus sur le deuil des personnes proches aidantes:
Mythe: Vous n’êtes plus une personne proche aidante puisque la personne est décédée.
Réalité: Votre rôle et identité en tant que personne proche aidante ne disparaissent pas lorsque la personne dont vous vous occupez décède. Cette partie de vous ne s’efface pas avec la mort de cette personne. Votre expérience de proche aidante vous a probablement influencée de nombreuses façons et pourrait être une partie intégrante de votre identité.
Mythe: Le deuil devrait être moins douloureux puisque le décès était attendu.
Réalité : Même si vous, en tant que personne proche aidante, vous attendiez à ce que le décès survienne (en raison d’une maladie, d’une dégradation de l’état de santé ou d’une mort médicalement assistée) ou que vous avez éprouvé un deuil blanc, cela ne rend pas le décès moins douloureux. Comme le décrit Therese Rando, « une répétition n’est pas la vraie chose » (Rando, 1988, p. 70). De nombreuses personnes proches aidantes décrivent souvent le sentiment de surprise et de choc qu’elles éprouvent, même si elles s’attendaient à la mort et pensaient y être préparées. Le deuil n’en est pas pour autant moins douloureux et difficile.
Mythe: Vivre votre deuil signifie de vous détacher de la personne décédée et d’aller de l’avant.
Réalité: Après avoir été une personne proche aidante pendant une longue période, vous et votre entourage pourriez vous attendre à ce que vous « laissiez derrière » cette personne, que vous la reléguez dans le passé et que vous passiez à autre chose. Cependant, la vérité est que vous ne pouvez pas simplement « laisser derrière » une personne et que votre relation se poursuit même après sa mort. Le deuil ne signifie pas que vous devez oublier cette personne, mais que vous apprenez à vous adapter à la vie sans sa présence physique.
Mythe: Après avoir pris soin d’une personne pendant une longue période, vous devriez vous sentir soulagé(e) de retrouver votre vie et votre emploi du temps lorsque la personne aidée décède.
Réalité : Après avoir subi les impacts physiques, mentaux, émotionnels, sociaux et financiers de la proche aidance, il est possible que vous, en tant que personne proche aidante, ressentiez un sentiment de soulagement au décès. Si la personne aidée était malade, vous pourriez éprouver un soulagement à l’idée qu’elle ne souffre plus. Cela peut être normal. Cependant, vous pourriez également ne pas vous sentir soulagé(e), ou ressentir du soulagement ainsi que de nombreuses émotions différentes. Il n’y a pas de façon “correcte” de se sentir et il n’y a pas d’émotion unique que vous « devriez » ressentir. L’expérience de chaque personne proche aidante est unique à sa situation.
Mythe: Vous ne vivez que le deuil de la personne dont vous vous occupiez.
Réalité : Souvent, en tant que personne proche aidante, vous êtes en train de vivre en même temps le deuil de plusieurs pertes qui se cumulent. Ces pertes peuvent être les suivantes:
La mort de la personne que vous aidiez
La perte de votre identité relationnelle (partenaire, enfant, frère ou sœur, ami, etc.)
La perte de votre identité en tant que personne proche aidante
La perte du sens et des objectifs de votre vie
La perte de soutien
La perte de temps
Et bien d’autres encore…
Ces pertes peuvent également être ressenties plus intensément lors de fêtes et d’anniversaires importants.
Les mythes décrits ci-dessus ne sont que quelques-unes des nombreuses fausses croyances sur le deuil. À cause de ces mythes, vous pourriez parfois avoir l’impression que ce que vous vivez n’est pas « normal ». Parfois, vous ne voulez peut-être pas en parler avec d’autres par crainte de leur jugement. Cela peut entraîner un sentiment d’isolement encore plus grand chez vous et vous empêcher de vous adapter à la mort
Nous savons que le deuil n’est ni prévisible ni limité dans le temps et qu’il peut se manifester de différentes manières et dans différents domaines de la vie d’une personne. Il n’y a pas de manière « correcte » de vivre son deuil. Lorsque les croyances sur le deuil sont restrictives et normatives, elles peuvent conduire à des attentes irréalistes et inutiles.
L’expérience du deuil étant unique pour chaque individu, il est important de reconnaître les différentes réalités des personnes proches aidantes. En réfutant ces mythes en vous-même et dans vos conversations avec les personnes qui vous entourent, vous contribuez à créer des communautés plus compatissantes.
Pour les mythes sur le deuil en général, visitez: https://mondeuil.ca/mod/lesson/view.php?id=801&pageid=1943
Référence
Rando, T. A. (1988). Anticipatory grief: The term is a misnomer, but the phenomenon exists. Journal of Palliative Care, 4(1–2), 70–73. https://doi.org/10.1177/0825859788004001-223